• Mélusine

    Il est vérité qu' il y eut jadis un roi en Albanie (Ecosse). Ce roi s'appelait Elinas et fut très puissant et chevalier preux de son bras. Or, un jour, chassant par la forêt, il s'approcha d' une fontaine, et aperçut la plus belle dame qu' il eût vue à ce jour et la salua bien humblement.

    "Ma chère dame, je désire plus que tout avoir votre bon amour et votre bonne grâce

    -Dons si vous me voulez prendre pour épouse, jurez que vous ne chercherez jamais à me voir au temps de mes couches"

    Ainsi parla le fée Persine. Ils se marièrent, furent heureux et eurent trois gentes filles. La première née eut pour nom Mélusine, la seconde Mélior, la troisième Palestine. Mais Mataquas, le fils du premier lit d' Elinas, qui était fort jaloux, força son père à se parjurer en le poussant dans la chambre où Persine baignait ses trois petites: "Faux roi tu as manqué à ta parole, cria la mère avec horreur, il t' en mésadviendra, tu m'as perdue à jamais!"

    Quand Persine se fut séparée d' Elinas, elle se réfugia avec ses trois filles en Avalon. Elle les y éleva jusqu' à la quinzième année, les menant tous les matins sur une haute montagne nommée Eléonos (la montagne fleurie, d' où elle pouvait apercevoir la lointaine Albanie)."Filles, voyez là-bas où vous êtes nées et où vous auriez eu votre sort sans la fausseté de votre père qui vous a réduite à une grande misère sans fin." Et chaque fois, elle répétait le récit de son malheur, si bien qu' un jour Mélusine déclara à ses soeurs : "je suis d' avis, s' il vous semble bon, d'enfermer le parjure en la merveilleuse montagne de Northumberland, appelée Brumblerio, d' où il ne sortira plus jamais". Ce qu' elles firent; Leur mère s' en montra très courroucée : "Toi, Mélusine, qui es l' aînée, tu seras la première punie. Désormais tu seras tous les samedis Serpente au-dessous du nombril. Si toutefois tu trouves un homme qui te veuille épouser (à la condition de ne jamais te voir le samedi) tu vivras le cours naturel d' une vie de femme et tu mourras naturellement. De toutes façons de toi sortira une noble et très grande lignée qui accomplira de belles et hautes prouesses. Mais si jamais tu te sépares de ton mari, saches que tu retourneras au tourment d' auparavant, sans fin". Sur ce, elle punit aussi Mélior et Palestine et toutes quatre se séparèrent à jamais.

    Mélusine s' en alla alors errer parmi les grandes forêts et les bocages en quête de destin. Elle y rencontra le beau Raymondin. Bientôt tous deux se trouvent, se regardent et se plaisent. Gentement ils s' entr'accolent et se baisent, enfin s' épousent en grande noblesse.

    De ces amours, Mélusine enfanta huit fils, tous beaux et bien bâtis. Excepté quelques détails, celui-là avait de trop grandes oreilles, celui-ci un oeil plus haut que l' autre, un troisième n' avait qu' un seul oeil, un autre en avait trois...Mais tous devinrent puissants extrêmement.Mélusine avait bel et bien fondé la noble lignée prédite par Persine. Le reste était à s' accomplir.

    Pendant que raymondin est à parcourir la Bretagne, Mélusine se fait bâtisseuse. Elle entreprend maintes constructions. Elle édifie le château et la ville de Parthenay sans ménager la pierre, elle fonde à La Rochelle les tours de garde de la mer et nombre d' églises, chapelles et abbayes de-ci de-là, si bien qu' à son retour Raymondin s' émerveille de ne plus reconnaître Lusignan. Ensemble ils se font fête mais leur bonheur ne va plus durer bien longtemps. Comme il le lui avait promis, Raymondin jamais ne s' était mis en peine de la voir le samedi. Mais son frère, le comte de Forez, le jalousait tant qu' il lui médit alors : "Frère, votre femme tous les samedis est de fornication avec un autre". A ces mots Raymondin entre en fureur, l' épée à la main il, se rend devant la porte interdite. Contre l' huis il applique la pointe fine et dure, et l' y tourne et vire tant qu' il fait un trou par où il peut apercevoir toute la chambre. Il voit dans une cuve de quinze pieds de tour Mélusine qui était au-dessus du nombril en figure de femme en train de se peigner les cheveux et au-dessous du nombril en forme de queue de serpent, grosse comme une tonne à mettre les harengs et longue extrêmement. "Hay, gémit Raymondin, je viens mon amour de vous trahir à cause de la fourbe exhortation de mon frère". Hélas, la malédictiction de Persine va les séparer pour toujours. "Adieu, mon doux ami, mon bien, mon coeur et toute ma joie!" Et d' un bond Mélusine saute sur l' une des fenêtres de la chambre, aussi légèrement que si elle avait eu des ailes.

    Alors elle pousse une très douloureuse plainte et se jette dans les airs. Plus loin elle se mue en une serpente grande, grosse et longue de quinze pieds, poussant un cri si étrange et si déchirant que l' on voyait qu' elle ne se séparait de ce lieu qu' à regret et par contrainte. Et on ne sut ce qu' elle était devenue...

    Jehan d' Arras, le romancier-biographe de Mélusine, ajoute que de nombreuses fois, elle revint la nuit bercer et caresser ses enfants sous sa forme de mère, à la vue des nourrices qui n' osaient rien dire. Qu' elle les avertit de la mort de leur père, devenu hermite à Montserrat, en se montrant à eux trois jours avant son trépas, tournoyant et poussant des clameurs douloureuses et sauvages au-dessus des tours.

    En réponse à la prophétie de persine, la Fée Serpente se montre et se lamente chaque fois que les bien de Lusignan changent de propriétaire ou qu' un héritier de sa lignée va mourir 

    source : la grande encyclopédie des fées


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