• La pierre merveilleuse

    Une femme-korrigan se trouvait sur le point de donner le jour à un enfant.
    Elle envoya chercher une vieille sage-femme de sa connaissance à la ville voisine.
    Après la naissance de l'enfant, et lorsque la sage-femme l'eut emmailloté à la manière ordinaire et se fut assise au coin du foyer pour le chauffer,
    la mère lui dit, aussitôt qu'elle put recouvrer la parole : "Cherchez là, ma commère, au coin de l'armoire,
    et vous y trouvez une pierre ronde. Frottez-en les yeux de mon enfant."
    "Qu'est ce que cela signifie?" se demanda la sage femme. "Cette pierre aurait-elle donc quelque propriété merveilleuse"
    et pour s'en assurer, après avoir appliqué la pierre sur les yeux de l'enfant, elle s'en frotta l'œil droit.
    La pierre donnait la faculté aux personnes dont elle avait touché les yeux de voir les korrigans lorsqu'ils étaient invisibles.
    A quelque temps de là, la sage femme se rendit à une grande foire qui se tenait dans un bourg voisin.
    Elle fut bien surprise lorsqu'elle arriva d'apercevoir sa commère, la femme-korrigan,
    qui furetait dans les boutiques les plus richement garnies, et qui prenait, parmi les marchandises,
    celles qui lui plaisaient le plus, sans que les marchands parussent en être surpris.
    Le soir, s'en retournant chez elle, la sage-femme rencontra en chemin la femme-korrigan,
    qui portait un lourd panier rempli d'étoffes de la plus grande richesse.
    "Ah! Commère!", lui dit-elle en l'abordant, "Vous avez fait aujourd'hui une rude brèche aux étalages et aux boutiques d'étoffes,
    et pourtant, elles ne vous ont pas coûté bien cher!" "Oh, oh!" lui répondit la femme-korrigan.
    "Vous m'avez vue les payer, et de quel œil me voyez-vous maintenant ?"
    "De l'œil droit", lui dit la sage-femme. C'était celui qui avait été en contact avec la pierre mystérieuse.
    Aussitôt la femme-korrigan enfonça un de ses doigts dans l'œil que la malheureuse commère venait de lui désigner,
    l'arracha de son orbite et lui dit avec un ricanement digne du diable :
    "vous ne me verrez plus à présent!"
    et désormais, la sage-femme fut borgne et ne vit plus jamais les korrigans lorsque ceux-ci étaient invisibles


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  • Il existe un grand nombre de légendes qui parlent de villes englouties : Montoise à Saint Brévin, Tolente près de Plouguerneau, Nazardo près d' Erquy, Chausey dans la baie de St Malo. L' une d' elle concerne la vill d' Ys, qui s' étendait, dit on , dans la baie de Douarnenez.

    Ys a été bâtie plus bas que la mer, et elle était protègée par des digues dont on manoeuvrait les portes pour faire entrer ou sortir l' eau. Gradlon, souverain d' Ys, de Quimper et de toute la Cornouaille, détenait les clés d' or des portes des écluses, autour de son cou. Il avait une fille, Dahut, grande magicienne, qu partagait avec ferveur les débauches de bourgeois de la ville. Un jour, un inconnu accompagné d' un sonneur entra dans la ville. Ils les firent danser dans des danses si folles que l'étranger parvint à     s' emparer des clés de la ville. Il ouvrit les vannes des écluses qui protégeaient Ys. Aussitôt, tout fut submergé. Gradlon sauta sur son chevalMorvrac'h, qui pouvait galoper sur terre comme sur l eau et arracha sa fille à la furie des eaux. Mais Saint Guénolé, qui fuyait également, heurta de son bâton l' épaule de la jeune fille, la faisant basculer dans les flots tumultueux. Ainsi disparut Ys. Et Dahut. Cependant, les flots décidèrent de garder Dahut en vie, mais prisonnière.

    Ahès est assoiffée d' amertume et de tuerie. Pour garder près d' elle les nombreux amants qu' elle avait autrefois, elle les attire afin de pouvoir les noyer, grâce à sa beauté inégalable. Elle est accompagnée d' une baleine qui dévore les marins qu' elle a séduits. Tout son corps en dessous du bassin est une queue de poisson. Elle peut se métamorphoser en animal.

    Vous l' avez compris, Ahès n' est autre que Dahut métamorphosée. L' océan la possède et la condamne à accomplirson métier de sirène "jusqu' à ce qu' une autre pécheresse, aussi jolie et coupable qu' elle, vienne prendre sa place". Elle sillonne la mer. Elle est la mère des sirènes. Les familles du littoral la nomment Mary Morgane.

    source : les Mary Morgans et autres légendes de la mer


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  • L' histoire se passe à Vitré en Ille et Vilaine. Chacun, on le sait, est un jour tiré par les griffes de l' Ankou, cet émissaire de la mort auquel en Bretagne on échappe pas, tant le dernier moment est à l' aisance déterminé. Pourtant, une fois, l' heure fatale fut repoussée pour un service rendu, mais voyez plutôt :

    L' Ankou, pour accomplir sa besogne, est aidé d' un instrument : une horloge qui donne l' heure et le nom de ses fiturs clients. Cet objet ne tombe jamais en panne. Une fois l' an, le soir du jour des morts, l' Ankou donne quelques tours de clé pour remonter les poids du mécanisme. Or, il advint une fois une chose inouïe : la pendule de l' Ankou est restée bloquée à minuit, le 2 novembre de l' an du Christ 2000. Un nom est indiqué sur le cadran. Malgré ses efforts, il n' arrive pas à remonter le cadran, il a du retard, c' est certain! Cela va compromettre l' ordre du monde! Il se rend tout de même chez son prochain client indiqué sue le cadran. A son arrivée, il se rend compte que son client est un horloger. Il entre dans la maison sans se découvrir et voit un spectacle bien digne d' un jour des morts : autour d' une table, une femme et deux petites filles s' affairent, affolées, autour de l' homme de la maison,qui, pris de malaise depuis quelques minutes, s' accroche à la vie de toutes ses dernières forces. D' un geste autoritaire, l' Ankou chasse les 3 gêneuses, qui malgré leur angoisse et leur surprise, n' osent s' opposer à ce sombre personnage, qu' elles ont reconnu.

    Enfin seul avec l' horloger, l' Ankou lui propose un marché : "ma pendule est bloquée et je ne parviens pas à la remettre en marche. Toi, l' homme de l' art, tu vas m' accompagner dans mon atelier, tu répareras le mécanisme et moi, en paiement, je te laisse la vie sauve pour quelques temps encore. Fais-moi un signe si tu acceptes". L' horloger accepte d' un regard suppliant et l' Ankou emporte le corps vers sa sinistre demeure. Sa famille, voyant l' Ankou l' emmener, pensent que sa fin est arrivée.

    Minuit et trente minutes sonnent. La porte de l' entrée s' ouvre sur la nuit noiore. Deux silhouettes se dessinent dans l' encadrement. L' Ankou et l' horloger sont là! L' homme de la maison entre et retrouve avec bonheur la douce chaleur des siens, après l' étreinte glcée du faucheur. L' Ankou, d' abord resté sur le seuil tourne enfin les talons.

    Tout à la joie de sa nouvelle vie qui commence, l' horloger n' entend pas les quelques mots prononcés par le récolteur de défunts : "Au revoir l' ami et ... à bientôt!"

    source : L' héritage des korrigans


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  • Le soleil couchant illumine la campagne en ce beau 1 er jour du mois de mai. L' étange Yeun Ellez au pied du Menez Mikael se pare d' un voile de mystère. Au loin résonne le son grave d' une trompe : quatre longues vibrations espacées d' un épais silence, comme autant d' échos adressés aux points cardinaux...Nous sommes dans les méandres d' une époque où les druides, prêtres celtes, invoquent en cette période de l' année, le dieu solaire. Des hommes et des femmes en longues saies blanches sont assemblés autour d' un immense feu, au sein d' un cercle de pierres. De tous petits êtres participent à la cérémonie; ce sont des korrigans.

    Juché sur un autel de granite, un druide à la barbe resplendissante et broussailleuse, le front ceint d' une couronne de gui argenté tient un glaive à peine sorti de son fourreau... Il le montre à l' assemblée face aux 4 points cardinaux, puis un korrigan lui présente un grimoire couvert de bois et les rites se succèdent. Peu à peu, les flammes perdent de leur vaillance et sont bientôt remplacées par des braises. Alors, hommes et femmes se rassemblent autour du Grand Druide et d' une même ferveur, ils entonnent le chant national breton : "Bro Gozh Ma Zadou"

    "Ni, breizhig a galon, karomp hor gwir vro

    Nous, bretons de coeur, aimons nos droits régionaux

    Brudet eo an Arvor dre bed tro-dro

    Le pays est réputé à travers le monde

    Dispont 'kreiz ar brezel, hon tadou ken mat

    Sans peur, pendant la guerre, mos pères si bons

    A skuilhas eviti o gwad

    Ont répandu leur sang pour lui

    O Breizh, ma bro, me gar ma bro"

    Oh Bretagne mon pays, j' aime ma Bretagne

    Les korrigans écoutent. En ce jour du 1 er mai, deux mille ans de christiannisme plus tard, des druides de Bretagne armoricaine, associés à des korrigans, viennent de célèbrer le Dieu Bel par les feux de Beltan (en breton justement : le feu de Bel). A quelques lieues gauloises, une dame blanche pousse son cri lugubre dans la nuit.

    source : l' héritage des korrigans


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  • Ils sont malingres et chétifs. Afin de s' assurer une descendance viable, les fées ont coutume d' enlever les nouveaux nés des villages alentours, et de mettre leur progéniture à leur place. E, Bretagne, on disait des enfants très laids qu' ils étaient "des enfants des fées". Les petits des fées déposés dans les berceaux sont toujours des mâles. Ils sont moirs et laids, avec un air vieillot. Ils mangent 2 fois plus qu' une grande personne!

    Mais les villageois n' étaient pas dupes, et pour s' assurer que leur enfant avait bien été substitué avec celui d'une fée, ils plaçaient devant le feu ou dans la cendre, des coquilles d' oeuf emplies d'eau. L' enfant fée s' écriait invariablement : "il y a 100 ans j' ai vu le gland avant le chêne, mais pas encore ces petits pots bouillants!" Il suffisait après de ne plus l' alimenter et de faire mine de le battre pour que les fées restituent aussitôt l' enfant qu' elles avaient dérobé!

    Les folliards, cousins des korrigans, agissent de la même façon.

    source : les korrigans et autres bugale ar noz


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