• Lavandières et chanteuses de nuit (attention pour adultes)

    Perronnik rentre chez lui en passant par le bois. Il a bien profité de la soirée et chante en titubant, se cognant aux souches, aux arbres, à tous les pièges que la nuit parsème quand on la prend à rebours. Il grogne, jure, donne des coups de pied aux cailloux du chemin. Rit comme un baudet, se soulage contre un vénérable chêne, s' acharne sur toutes ces ombres trompeuses où il semble se perdre.

    A travers les flous de sa tête chavirée parviennent des tap tap et des voix mêlées à des éclaboussements.

    "C'est-y-pas qu' on ferait de la lessive à c' t ' heure, au plein mitant des bois!"

    Au détour d' une allée il tombe dans une clairière ou luit une mare laiteuse. Autour, six formes de lavandières s' affairent à la tâche, et la plus grande le hèle : "viens donc ici nous aider à tordre ce drap!"

    Il a trop bu pour bien les distinguer. C'est assez singulier car il a l' impression de les voir tantôt belles avec des gestes gracieux d' invite, tantôt hideuses avec des gestes de menace. Le bougre aimerait faire demi-tour et filer au plus vite, mais trop tard, un linge humide lui colle déjà aux mains, un frisson glacé serpente le long de ses bras. Ses membres entravés refusent d' accomplir le signe de croix capable de "désencharmer". Le chant des lavandières lentement le fascine, "un chand sourd, monotone, triste".

    Maintenant il sait à qui il a affaire. Il aurait dû s' en douter. Mais aux veillées on racontait tellement de fariboles sur les Femmes Faramiques et sur les Dames Blanches, qu' il n' y avait jamais cru. Les vieux s' en méfiaient comme de la peste, si bien qu' ils préféraient pousser plusieurs lieues de détour que de laver près d' un lavoir à la brume : "retirons-nous disaient-ils, c'est l' heure de la laveuse" Et si d' avanture ils entendaient au loin frapper les battoirs, ils s'ensauvaient.Il ne fallait jamais leur répondre, ni les approcher, encore moins les déranger. Le seul fait de les voir était signe de trépas : "car le linceul qu' elles préparent est celui dans lequel "l'averti" sera enseveli avant 3 jours".

    "Ton linceul t' attend, ton linceul t' attend", répète le chant.

    On ne sait trop leur nature, certains disant qu' elles étaient Fées de purgatoire punies pour des méchants sorts qu' elles auraient lancés ; d'autres y voyant des Fées de nuit, aussi cruelles que celles du jour étaient bonnes. Ou encore des mères coupables d'infanticides : "si on regardait de plus près le linge à tordre, on y découvrirait le cadavre d' un bébé. Et souvent il en coulait du sang. Elles auraient beau sans cesse laver, frotter jusqu' à l' user, il ne deviendrait jamais blanc même au jugement dernier".

    Il fallait un coeur pur ou en paix pour conjurer leur peine. Une fois, une femme qui revenait tardivement d' avoir prié ses morts à l' église fut obligée d' essorer parmi elles la lessive nocturne. Au bout d' un moment la plus âgée lui dit: "Tu es bien heureuse d' avoir honoré tes défunts ; sans cela je t' aurai si bien tordue, retordue, que jamais débrouilleur d' écheveaux n' aurait été capable de débrouiller ce que j' aurais fait de toi".

    Perronnick devine qu' enfayté comme il l' est à présent, il n'a plus le choix, il ne peut plus se dérober. La vieille a commencé à faire tourner le linge entre ses mains...Il sait aussi qu' il a offensé la nuit tel le pire des goujats. Et il s'est "emmaudit". Il lui reste cependant une chance de s' en tirer en tordant toujours dans le sens opposé à celui de la "lavou". S' il l' oublie un seul instant, le drap emprisonnera ses poignets, ligotera ses bras jusqu' à les briser...puis tout son corps sera broyé et entraîné sous l' eau. Il ne doit à aucun moment se laisser distraire. On a retrouvé des gars couchés, évanouis auprès des eaus croupies, les membres à moitié arrachés, mais qui vivaient encore. Il faut qu' il tienne ainsi jusqu' au matin, quand l' aube les chasse avec la brume. Dans les yeux de la vieille il y a deux lunes, deux lunes en train de danser, de danser à l' envers, à l' endroit, à l' envers...

    Perronnick a été battu, tordu jusqu' à ce que dépouille et linceul se dissolvent parmi les autres jonchées d' âmes perdues, au fond des eaux hantées où veillent les Chanteuses de nuit.

    source : la grande encyclopédie des fées


  • Commentaires

    1
    jabrael
    Dimanche 13 Juillet 2008 à 21:01
    Bonsoir comment vas tu ?

    La vraie amitié est comme un roseau:
    elle se plie mais ne se casse jamais.
    Avec un(e) ami(e) à ses côtés, aucune route ne semble trop longue.
    Le respect est le lien de l'amitié.
    Les amis sont comme des anges qui nous remettent
    en position quand nos ailes ne se souviennent
    plus comment voler.
    Mieux vaut perdre un peu d'argent qu'un peu d'amitié.
    Votre véritable ami est celui qui ne
    vous passe rien et qui vous pardonne tout

    Je suis passer te souhaiter une bonne soirée
    et une bonne nuit étoilée
    bisous ton ami MICHAEL
    2
    zolangue
    Jeudi 5 Février 2009 à 17:32
    j'adore!
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